

Jolie vue d'ensemble de la rue du Ry d'Août, bâtie uniquement du coté gauche en montant; sur les hauteurs, les sarts de commune de la Haie Collaux (Photo anonyme, vers 1960)
En contrebas de la route de Dorinne, un petit quartier de quelques maisons a été détruit pour les besoins d'exploitation de la CIBE (Photo R. Balthazart, vers 1950)
Le Ry d’Août, en wallon li ri d’a.ou, est le nom donné à une rue du village et au quartier le plus peuplé de Spontin, en direction de Dorinne. Jusqu’au 18e s., on n’y trouvait que deux ou trois maisons et le lieu-dit était «sous la haye Collaux». Apparemment, c’est dès le 17e s. que le nom du petit ruisseau descendant de Dorinne s’est appliqué d'abord aux quelques maisons détruites par la CIBE (aujourd’hui Vivaqua) puis au «tienne adjacent» avant de désigner tout le quartier qui s’est développé vers les hauteurs dans la seconde moitié du 19e s. Avant sa canalisation par la CIBE, le ruisseau se jetait dans le Bocq plus en amont qu’à l’heure actuelle.

Au pied du Ry d'Août, les luttes de balle pelote ont longtemps été un lieu de vie et de rencontre le dimanche après-midi pour les Spontinois (Collection privée)
On peut supposer que le nom a été attribué à ce petit ruisseau en raison de son débit particulier lors des pluies d’été. Il est à noter que la forme dialectale n’est pas a(w)ousse comme pour le nom du mois; les formes les plus anciennes ne semblent pas l’indiquer non plus. Les mentions anciennes du toponyme sont nombreuses à partir du 16e siècle : 1559 «sa maison et heritaiges de Rieudahoux», 1631 «une petitte maison au rieu d’ahou», 1661 «du bien leur appartenant au lieu de Spontin communément dit le Ris d’ahou», 1664 «une maison, iardin, terre que l’on appelle vulg. la maison et héritages Rieu dahou», 1671 «touttes lesdittes bestes traversent lesdits biens du Ry d’ahou lors qu’on les menne boire au Ry d’ahou, à raison que ledit ry est joindant ausdits lieus», 1783 «un enclos joignant du septentrion audit fossé du ris d’ahoux».

Photo aérienne du quartier de la Haie Collaux, sur laquelle on distingue les traces des "aires de faudes" (ronds noirs) qui rappellent le défrichement de ce bois communal au 18e s. pour alimenter en charbon de bois les forges de la vallée (Collection privée)
La Haie Colaux, w. a l’(h)aye Colau, est le nouveau quartier résidentiel sur les hauteurs de Spontin, qui s'est développé à partir des années 70, et qui a repris comme nom celui du lieu-dit traditionnel. Le terme haie désignait autrefois de petits bois bordés de haies, où pouvaient paître les troupeaux. Quant à Collaux, il s'agit du prénom Collard (dérivé de Nicolas) sous sa forme wallonne; à un enfant, on disait affectivement mi p'tit Colau.

La campagne de la Haie Collaux à l'époque où l'on y exploitait encore les sarts de commune (Photo anonyme, vers 1950)
Le toponyme est bien attesté dans les archives : 1741 «en remontant tout du long du chemin qui conduit à Bailoy et qui suit le long des marches du Bailoy jusqu’à la haie Colau», 1743 « le long dudit bois de bailloy jusque à la haye collaux », 1742 «un sart proche le four à chaux à la haye collau», 1748 «étans parvenu à la comune nomée haye Collaux », 1794 «un journal de terre à la campagne sous la Haye Colau».
Une seconde rue du quartier a repris le nom du bois de Bailoy voisin, qui couvre tout le versant vers le Bocq et les Eaux minérales. Même si les bouleaux n'y sont plus fréquents, il s'agit d'un toponyme signifiant "bois de bouleaux", une boulaie en français.

Vue aérienne des quartiers de la Haie Collaux et du Ry d’Août, avec à l’avant-plan la grande campagne du Vèjinia (Photo J. Andriessens, 2004)