Le site de Spontin, établi le long d’un diverticulum conduisant de Dinant à Huy, fut occupé et fortifié dès la fin de l’époque gallo-romaine ; un important cimetière du Bas-Empire et de l’époque mérovingienne y a été découvert au XIXe siècle ; le matériel est conservé au Musée archéologique de Namur, dont il constituait autrefois une des collections les plus prestigieuses.
Ce passé romain et mérovingien de Spontin avait attiré, dès le milieu du XIXe siècle, l’attention de Nicolas Hauzeur, mais ce n’est qu’en 1855 que celui-ci fut le témoin de la mise au jour, à quelque 130 m à l’est de l’église, de plusieurs tombes dont les contenus furent malheureusement dispersés. Il ne put sauver dans l’une d’elles qu’un petit ensemble d’objets du Bas-Empire. Consciente de l’intérêt de cette trouvaille, la Société archéologique de Namur confia à Auguste Limelette, de 1860 à 1862, la fouille de ce qui s’avéra être un important cimetière antique. On peut compter 117 mentions de tombes mérovingiennes dont 87 ont été trouvées au sud de la zone évoquée précédemment. Les 30 tombes restantes, dont huit construites en dalles, recouvraient en partie la zone occupée par les tombes du Bas-Empire. La plupart de ces tombes étaient privées de mobilier funéraire. Tout porte à croire qu’on se trouve là dans la partie la plus récente du cimetière mérovingien. On se trouve donc face à deux implantations distinctes dans l’espace et dans le temps.
Les tombes du Bas-Empire de Spontin constituent un ensemble relativement restreint mais archéologiquement homogène. Elles contiennent, comme offrandes funéraires, des vaisselles de céramique, de verre ou de bronze. À l’exception d’un gobelet orné de dépressions qui est en céramique lissée, les autres pièces sont en céramique sigillée (Argonne) ou en céramique rugueuse (Eifel). La vaisselle de verre plus luxueuse est représentée de façon remarquable : une douzaine d’exemplaires pour une trentaine de vases en céramique. Le petit cimetière du Bas-Empire de Spontin est, en de nombreux points, comparable à ceux qui ont été découverts dans la province romaine de Germanie Seconde au sud du sillon Sambre et Meuse. Leurs tombes pourvues d’armes étaient le plus souvent voisines d’un petit poste fortifié ; celui de Spontin reste à découvrir. Ceux qui ont fait l’objet d’études sérieuses ont révélé que leur période d’occupation était souvent très antérieure à celle des tombes qui leur sont associées. C’est seulement au cours de la période allant de 380 à 420 environ qu’il y a concordance entre l’occupation de ces postes et le voisinage d’une population sédentaire. Tout porte à croire que ces populations constituaient des petits contingents « barbares » au service de l’armée romaine. On a beaucoup discuté de leur statut au sein de l’armée ; il ne semble pas qu’il ait pu être aussi subalterne qu’on l’a supposé autrefois, vu le luxe dont ces populations s’entouraient jusque dans la mort. Ce sont en tout cas ces contingents qui ont contribué à maintenir tant bien que mal ce qui subsistait comme autorité romaine dans le nord de la Gaule.
Les tombes mérovingiennes de Spontin étaient beaucoup plus nombreuses que les tombes du Bas-Empire. Sur les 145 tombes fouillées par Limelette, 117 peuvent être considérées comme telles, parmi lesquelles 63 n’avaient pas de mobilier funéraire. Dans un premier groupe de tombes, on trouve des boucles de ceinture en bronze, parfois à forte teneur d’étain, dont l’anneau massif, ovale ou rectangulaire, est de section ronde ou à pans coupés. Ces boucles et leurs accessoires sont fréquents pendant les trois derniers quarts du VIe siècle. D’un deuxième groupe de tombes mérovingiennes du VIIe siècle, on ne peut guère retenir que quelques ensembles ou objets caractéristiques. (D’après Albert Dasnoy)